Sara Rijavec a rejoint le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) en 2019, d'abord en R¨¦publique centrafricaine, o¨´ elle a travaill¨¦ comme charg¨¦e d'acc¨¨s, puis au Cameroun, o¨´ elle a travaill¨¦ comme charg¨¦e de coordination civilo-militaire.
Tout au long de sa carri¨¨re, elle a ¨¦t¨¦ t¨¦moin directe des effets d¨¦vastateurs des conflits sur des civils innocents.
Dans cette interview, elle partage comment, malgr¨¦ les d¨¦fis, sa motivation et sa foi dans le syst¨¨me humanitaire n¡¯ont jamais faibli.
Qu¡¯est-ce qui vous a pouss¨¦ ¨¤ poursuivre une carri¨¨re dans la coordination civilo-militaire et l¡¯acc¨¨s humanitaire ?
Mon premier emploi a ¨¦t¨¦ dans une ONG au Pakistan, o¨´ j¡¯ai particip¨¦ ¨¤ la r¨¦ponse humanitaire apr¨¨s le tremblement de terre de 2005 au Cachemire.
J'ai ensuite travaill¨¦ aupr¨¨s de plusieurs ONG en Afrique et en Asie, principalement dans le cadre d'op¨¦rations de d¨¦minage et de r¨¦duction de la violence arm¨¦e. Les questions d'acc¨¨s m'ont donc toujours ¨¦t¨¦ ch¨¨res. Apr¨¨s avoir travaill¨¦ en Ukraine, o¨´ j'ai ¨¦t¨¦ observateur pour l'Organisation pour la s¨¦curit¨¦ et la coop¨¦ration en Europe, j'ai finalement rejoint OCHA en R¨¦publique centrafricaine.
Quels sont les meilleurs et les pires aspects de votre travail ?
Faire partie de l¡¯Unit¨¦ de coordination/d¡¯acc¨¨s civilo-militaire signifie souvent que nous sommes les premiers ¨¤ ¨ºtre inform¨¦s des probl¨¨mes sur le terrain, qu¡¯ils soient mineurs ou critiques.
Et on ne sait jamais vraiment quels d¨¦fis on peut rencontrer sur la route. Quoi qu'il en soit, nous les abordons en ¨¦quipe et faisons tout notre possible pour minimiser les dangers.
Mais ce travail comporte in¨¦vitablement un revers : vous ¨ºtes t¨¦moin des cons¨¦quences des attaques ¨C maisons incendi¨¦es, sang, civils bless¨¦s ¨C et lorsque vous parlez aux communaut¨¦s touch¨¦es, tout en essayant de garder votre sang-froid, vous ¨ºtes aussi un ¨ºtre humain. Ayant tous connu la peur et la perte, il est difficile de ne pas s'identifier ¨¤ leur souffrance.
J'ai appris ¨¤ ne pas craindre mes propres ¨¦motions. L'empathie n'est pas une faiblesse. C'est une force, dans ces moments-l¨¤, mais aussi dans la vie en g¨¦n¨¦ral. Il faut juste veiller ¨¤ ne pas se laisser submerger par ses ¨¦motions et, si c'est le cas, il est normal de demander de l'aide.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans une carri¨¨re dans l¡¯humanitaire ?
Avant tout, pr¨¦parez-vous ¨¤ voir le meilleur et le pire de l'humanit¨¦. Vous traverserez des moments sombres, mais aussi des moments o¨´ vous r¨¦aliserez que l'espoir est toujours pr¨¦sent.
Et ne vous laissez pas d¨¦sensibiliser par la souffrance humaine ¨¤ laquelle vous ¨ºtes expos¨¦. Chaque situation est unique, et il est crucial de se rappeler que l'humain est au c?ur de chaque crise.
D¨¦velopper sa r¨¦silience est tout aussi important, car vous serez confront¨¦ ¨¤ des situations difficiles. Cultivez la patience, l'empathie et la flexibilit¨¦.
C'est pourquoi il est si important de ne pas s'oublier. Prendre soin de soi est essentiel. Sur le terrain, les activit¨¦s sociales et les occasions de se retrouver en dehors du travail sont rares, ce qui peut donner un sentiment de solitude.
C¡¯est pourquoi j¡¯aime me promener avec des coll¨¨gues pour me d¨¦tendre, m¨ºme si nos conversations tournent in¨¦vitablement autour du travail : se d¨¦fouler ensemble peut ¨ºtre th¨¦rapeutique !
Et c¡¯est pourquoi la communaut¨¦ de coll¨¨gues d¨¦vou¨¦s avec lesquels je collabore est ce que j¡¯appr¨¦cie dans ce travail.?